Microélectronique : Une pétition européenne, pourquoi ?

La microélectronique en Europe est en pleine turbulence, avec des éléments contradictoires : Pétition européenne STMicroelectronics

  • La Commissaire européenne à l’Industrie a annoncé en mai 2013 le lancement d’une « stratégie électronique européenne qui a pour objectif de permettre d’ici à 2020, des investissements privés à hauteur de 100 Milliards €, de doubler la valeur de la production de puces dans l’Union européenne, et de créer 250 000 emplois en Europe »
  • Dans la foulée un « Groupe des Leaders de l’Electronique » s’est créé, avec les patrons d’Alcatel, ST, Soitec, Infineon, Globalfoundries, NXP, ARM, ASML, Intel-Irlande … et des instituts comme le CEA, l’Imec, le Fraunhofer. Ce GLE a remis début 2014 un rapport à la Commission Européenne estimant qu’il était possible d’augmenter les capacités de production en Europe de 10% par an. Le rapport recommande de porter ses efforts sur l’automobile, l’énergie, l’automatisation industrielle et la sécurité. Il vise aussi « l’internet des objets », les marchés des « produits intelligents » ainsi que le secteur des communications mobiles et sans fil.
  • « Nano 2017 » – qui prévoit un financement de l’Etat Français, des collectivités territoriales Rhône-Alpes, et de l’Europe – s’inscrit dans cette logique, ainsi que le rapprochement observé entre le Land de Saxe en Allemagne (premier pôle européen de Microélectronique) et Rhône-Alpes.
  • Mais dans le même temps, les usines continuent de fermer (cf :LFoundry à Rousset), les licenciements se poursuivent (cf : Micron en Italie). ST et Ericsson, deux sociétés européennes majeures ont détruit ST Ericsson. Les patrons du « GLE » parlent bien, mais font l’inverse dans leurs sociétés. L’exemple de ST est criant. Ici la priorité est à la réduction de coûts et au versement des dividendes, et non à l’investissement et aux embauches. Tours végète, l’avenir à moyen terme de Rousset n’est pas assuré. Le secteur logique de ST reste amputé du segment majeur de la téléphonie et la pénurie de moyens conduit à restreindre les technologies développées, et donc l’activité industrielle avancée, en grande partie sous-traitée. Le risque est que les patrons profitent simplement de subventions supplémentaires, tout en maintenant leur gestion.
  • Mais au niveau européen, la direction générale à la Concurrence contredit dans les faits le discours de la Commissaire à l’Industrie, en retardant le démarrage des programmes type Nano2017 ; le gouvernement italien fait des annonces contradictoires sur sa participation dans ST, au nom de la « réduction de la dette ». Au lieu de renforcer son poids  dans le capital de ST, l’Etat Français préfère recourir aux subventions, difficilement contrôlables.

Dans cette situation contradictoire, il est important que les salariés de la microélectronique fassent entendre leur voix, et leurs exigences.

–         Le maintien et le renforcement de la place des Etats (France et Italie) dans ST.
–         La nécessité d’un réelle action européenne
–         La nécessité d’un contrôle des subventions publiques
–         Le changement de la stratégie de ST, que les Etats actionnaires doivent imposer
–         Une politique sociale avec de bons salaires et des embauches

En Microélectronique rien ne se fera en Europe sans forte implication des pouvoirs publics. Même si les politiques menées à ce jour sont décevantes, il n’y a pas d’autre solution que d’agir pour les changer.

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