COVID-19 : LUTTER CONTRE LA VAGUE DE LICENCIEMENTS


 

Leurs soucis ne datent pas de la crise née de l’épidémie. Mais des salariés de sites soumis à PSE, promis à fermeture, voire déjà fermés sont regonflés par les discours politique émaillés de « souveraineté » ou de « relocalisation des chaînes de valeur ». En gros disent-ils, vous chantez une ode à la réindustrialisation du pays et bien agissez maintenant. « Le jour d’après et la souveraineté industrielle, elle ne va pas se faire en claquant des doigts, il faut une volonté politique » déclare Axel Peronczyk, le délégué du site Luxfer de Gerzat (Puy-de-Dôme).

Nos camions n’ont-ils pas besoin de pneus ? 

Chacun de ces sites a son histoire, ses problèmes. Et aussi des arguments. Le délégué CGT de Michelin à La Roche-sur-Yon (Vendée), Antony Guilloteau  fait valoir : « avec la fermeture de notre site, plus aucun pneu poids lourds ne sera produit en France. Est-ce que l’on n’a pas besoins de pneus pour nos camions ? Michelin engrange plus d’un milliard de bénéfices par an depuis la fin de la crise de 2008. Est-ce qu’il n’a pas les moyens de le conserver ? D’autant qu’avec la pandémie, il va y avoir beaucoup de monde sur le carreau dans ce merveilleux bassin vendéen que l’on nous vendait. On entend les belles paroles des politiques mais on attend des gestes concrets pour maintenir les usines en France. »

D’autant que certains de ces sites n’ont pas chômé pendant le confinement. Chez Cargill à Haubourdin (Nord), où un PSE de la moitié des effectifs (183 personnes) a été annoncé en novembre dernier, Damien Vallois déclare que  « le site a eu une activité plutôt soutenue ces deux derniers mois en particulier pour produire des poches de glucose pour les hôpitaux anglais. » Une partie de l’activité doit être supprimée et pour lui, c’est la chronique d’une mort annoncée pour celle qui reste. Compte-tenu de la situation, le PSE a été repoussé de trois mois.

Des soupçons de monopole

Luxfer, fermé depuis un an, se mobilise pour relancer son usine de bouteilles de gaz, en particulier d’oxygène médical. Pour Axel Peronczyk, il y a un marché et un savoir-faire « Le groupe vend des produits faits au Royaume-Uni, desquels il tire une plus forte marge. Ce sont des bouteilles en acier qui pèsent 3,4 kilos pour une contenance de 2 litres, alors que nous savons réaliser des bouteilles d’une plus forte contenance qui ne pèsent qu’1,2 kilo. La demande pour ce type de produit n’a pas disparu. »

Selon lui, la direction de cette entreprise anglaise fait tout pour barrer la route à des repreneurs et s’est mise en situation de monopole. « Il ne joue même pas avec les règles du capitalisme », s’exclame Axel Peronczyk.

Chez le façonnier de médicament du site Famar de Lyon, on craint la fermeture et on en appelle à la responsabilité de son principal client, Sanofi qui prône un retour à la production française.

Tous ces syndicats sont réunis sous la houlette du célèbre avocat Fiodor Riloff connu pour son activisme judiciaire et son intervention sur de nombreux dossiers industriels (Goodyear, Continental, Flodor …), pas toujours couronnée de succès quant à la pérennité des sites en question. De manière constante, il conteste les justifications de fermeture au nom de la compétitivité, estimant qu’elle relève en réalité d’un enjeu de profitabilité pour nourrir les actionnaires.

Appel aux conseils régionaux

Tous ces dossiers sont suivis par Bercy et certains PSE ont déjà été acceptés par les Dirrecte mais ces syndicats CGT en appellent de nouveau au gouvernement et aux dirigeants des collectivités. Ils ont, en particulier, rédigé une motion adressée à leurs Conseils régionaux, car Maître Riloff estime qu’ils sont légitimes à intervenir au égard au code des collectivités territoriales qui leur donne des responsabilités en matière économique. Pour Axel Peronczyk, concrètement, « Il faut interdire les licenciements dans les entreprises bénéficiaires en agissant tout de suite,  car le motif économique de nos licenciements, sera, on le sait déjà, jugé irrecevable par les prud’hommes …mais dans trois ans. Et oui, il faut accepter de revenir sur le droit de propriété pour transférer le site à des repreneurs. »

Pour l’instant seuls deux conseils régionaux, Pays de la Loire et Auvergne-Rhône-Alpes ont seulement accusé réception de la motion.

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