Méga Usine Intel

Un article publié le 12 juillet dans Usine Nouvelle signé R. Loukil concernant le projet de méga usine d’Intel en Europe.


Le groupe Intel continue d’affiner sa stratégie pour sa future méga-usine de puces en Europe continentale. Au lieu d’un seul site, comme il l’envisageait jusqu’à alors, le numéro un mondial des semi-conducteurs, roi des microprocesseurs au cœur des PC et serveurs, serait maintenant tenté d’éclater le projet sur plusieurs sites, dans plusieurs pays européens. C’est ce qu’a déclaré samedi 10 juillet au Financial Times Greg Slater, le directeur juridique de l’entreprise californienne, qui participe à l’évaluation des sites potentiels à travers l’Europe continentale.

La France est candidate à l’accueil de cette méga-usine, en concurrence avec d’autres pays européens dont l’Allemagne, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas. Pat Gelsinger, le nouveau patron d’Intel, a déjà rencontré plusieurs responsables politiques européens à ce sujet, dont le président français Emmanuel Macron lors de l’événement Choose France, mais aussi le président du conseil italien Mario Draghi, et le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton.

Un investissement de 100 milliards de dollars en 10 ans

Intel dispose déjà en Europe d’un site de production de 4 600 salariés près de Dublin, en Irlande. Pour remettre son groupe aux avant-postes des technologies de production, Pat Gelsinger a décidé d’entrer dans les services de fonderie de puces, venant titiller les deux leaders de ce marché, le Taïwanais TSMC et le Sud-coréen Samsung. Pour cela, il compte créer deux nouveaux méga sites de production à 20 milliards de dollars (17 milliards d’euros) chacun, l’un dans l’Arizona, l’autre en Europe. Son projet s’inscrit dans la stratégie des Etats-Unis et de l’Europe de rééquilibrer en leur faveur la production de puces avancées, aujourd’hui concentrée en Asie.

Selon Pat Gelsinger, le site devrait comprendre à terme six à huit usines et inclure la R&D, le test, l’assemblage et le packaging. Chaque usine pourrait coûter 10 à 15 milliards de dollars (de 8 à 13 milliards d’euros), ce qui représenterait un investissement total d’environ 100 milliards de dollars (84 milliards d’euros) sur 10 ans. Un effort hors norme qui aurait des retombées économiques, technologiques et industrielles considérables sur le ou les pays sélectionnés.

Projet de fonderie de puces en Europe

Intel penserait à implanter la fabrication des plaquettes de puces sur un site dans un pays, l’activité de test, d’assemblage et de packaging dans un autre site dans un autre pays, et ainsi de suite pour la R&D et les autres activités. Une façon de maximiser les subventions publiques indispensables pour rendre le projet viable par rapport à une implantation en Asie. Selon Greg Slater, du fait des incitations publiques offertes en Asie, la production de puces revient 30 à 40% plus cher en Europe.

La Commission européenne serait prête à mettre la main à la poche pour soutenir l’effort des Etats-membres et des collectivités locales et rendre le projet d’Intel compétitif. Thierry Breton, qui veut doubler la part de l’Europe dans la production mondiale de semi-conducteurs à 20% en 2030, milite pour la création d’une fonderie avancée de puces sur le sol européen. Le projet d’Intel répondrait à ses vœux tout en offrant l’avantage d’être porté par un fabricant occidental, seule alternative crédible aux Asiatiques TSMC et Samsung. La décision d’Intel quant au choix du ou des sites en Europe est attendue avant la fin de l’année. Suspense.

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