Projet STMicroelectronics et Global Foundries: Avis CGT rendu en CSEC le 28 juillet 2022

AVIS des élu-e-s CGT du CSE Central de ST France du 28 juillet 2022 :

Pour la: ‘Consultation relative au projet de collaboration entre STMicroelectronics et Global Foundries, avec le soutien financier de l’Etat français, pour la création d’une nouvelle unité de fabrication 300 mm : recueil d’avis suite à la réunion d’information du 21 Juillet 2022.

Lors du CSE Central du 21 juillet 2022, la plupart de nos questions sont restées sans réponses car le projet est encore en cours d’élaboration, mais aussi car la direction n’a pas voulu partager certaines informations au mépris du dialogue social.

Si la CGT est toujours satisfaite que STMicroelectronics et l’Etat aient enfin pris la décision de développer en France de nouvelles capacités de production en semi-conducteurs, portant la production de 10000 à 22000 plaques par semaine à horizon 2026, et contrairement à ce qui a été largement communiqué ce projet n’est pas une nouvelle usine de production mais une extension de l’usine existante Crolles2 300mm. Cette extension était déjà dans les cartons de ST (il s’agit du projet « Gateway »). Ce partenariat permet donc d’accélérer le projet d’extension, de mutualiser les coûts et surtout d’obtenir un fort soutien financier de l’Etat.

Par ailleurs, nous alertons sur plusieurs points :

  • La souveraineté dans les semi-conducteurs :

Dans son allocution du 12 juillet, Emmanuel Macron a insisté sur le fait que ce projet allait assurer une certaine souveraineté. Or, la production de Crolles est une brique parmi d’autres de la filière microélectronique, celle du « Front End ».

Concernant la R&D, ST maîtrise la technologie 28FDSOI, mais la direction assume d’avoir stoppé le programme 14FDSOI. Il n’y aura pas de transfert de technologie entre ST et GF qui maîtrise le 22FDX. Le 18FDSOI n’est maîtrisé que par Samsung, et le partenariat ST/GF/Soitec/CEA d’avril 2022 sur le 10FDSOI est aujourd’hui une coquille vide !  Concernant le silicium, rien n’est produit en France ! Une opportunité, favorisant un circuit court d’approvisionnement, serait que FERROPEM fournisse du silicium haute pureté. Or, voilà qu’en mars 2022, le gouvernement et Emmanuel Macron ont validé un PSE actant la fermeture du site de FERROPEM Château Feuillet ! Enfin, concernant le « Back End » ou assemblage et le test, la quasi-totalité de ces activités sont faites en Asie ! Ainsi, malgré les discours, la chaîne de valeur de la filière microélectronique est loin d’être consolidée pour assurer une véritable souveraineté. La CGT demande à ce que des investissements soient aussi faits dans d’autres unités de productions d’assemblage et de test en Europe.

La CGT demande aussi que des investissements soient réalisés de façon à assurer l’avenir du site de Rousset à long terme.

  • Les aides publiques et leur conditionnalité :

Lors du CSE Central, la direction de ST a refusé de donner la ventilation de l’effort financier de chaque partie sur les 5,7 Md€ annoncés. L’Etat lui-même, n’a pas communiqué sur le sujet et il aura fallu que l’on découvre dans la presse que l’Etat allait participer à hauteur de 40%, soit 2,28 Md€ !

La CGT aurait préféré que l’Etat augmente sa participation au capital de ST plutôt que verser des aides publiques afin de s’assurer efficacement de la mise en œuvre, du contrôle et du suivi des objectifs de son engagement financier. Les sommes investies doivent être conditionnées à des engagements précis et publics, en termes financiers, sociaux et environnementaux : ces engagements, s’ils existent, doivent être rendus publics et communiqués aux élus.

Ensuite, avec un tel montant de financement de la production, doit-on se contenter du seul engagement de créer 1000 emplois directs à ST ?

Nous rappelons que ST touche déjà depuis de nombreuses années des subventions (CIR, CICE, plans Nano2012, Nano2017, IPCEI, …)

Quelles seront les retombées pour le pays lorsque ST pratique l’évitement fiscal et ne paye pas d’impôt en France ?

Bénéficiant à la fois de ces subventions et de la qualité des services publics (Éducation nationale, Santé publique, infrastructures de transport et d’énergie, …), ST se doit de participer aux mécanismes de solidarité beaucoup plus que ce qu’elle ne fait actuellement.

  • La politique sociale de STMicroelectronics :

2,6% de budget pour les augmentations de salaire, c’est la politique salariale au rabais pour 2022. Et globalement, la politique de rémunération de ST est une machine à inégalités qui s’accroissent au fur et à mesure que l’on monte dans la hiérarchie.

Plus particulièrement cette année, la direction de ST ignore totalement le contexte : +25 % de chiffre d’affaires en 2021 (10,181 Md$ -> 12,729 Md$), +80 % de bénéfices en 2021 (1,106 Md$ -> 2 Md$), +5,8 % d’inflation en juin 2022 sur un an, selon l’INSEE.

En conséquence de nombreux salariés quittent ST. ST se vante d’embaucher des centaines de salariés par an mais en occultant les centaines qui partent limitant l’effet souhaité des embauches. Ces salariés partent avec des compétences précieuses pour trouver ailleurs ce qu’ils ne trouvent pas à ST : des formations, des évolutions de carrières garanties, une politique salariale plus généreuse, du télétravail plus attractif, de meilleures conditions de travail, …

L’un des objectifs du partenariat ST/GF est de créer 1000 emplois. Comment embaucher et surtout conserver des salariés qualifiés avec une politique sociale désastreuse et méprisante vis-à-vis des salarié.e.s, qui rappelons-le sont ceux qui produisent les richesses de STMicroelectronics ?

  • La politique environnementale de STMicroelectronics :

Les informations données en CSE Central sont inexistantes alors que l’humanité entre dans une crise environnementale sans précédent et sans perspectives de sortie. Nous ne pouvons plus nous contenter de simples déclarations d’intentions ou globalisantes. Pour tous les sites de ST, la CGT demande à avoir des chiffres précis tant sur la consommation d’eau, d’énergie, de gaz…, que sur les rejets liquides ou gazeux.

Sur ce projet d’extension de l’usine de Crolles2 300mm particulièrement, nous demandons également une évaluation de l’impact environnemental afin de définir en amont du projet les investissements nécessaires pour que celui-ci soit réduit au minimum.

Plus globalement, ST doit s’engager publiquement et activement pour mesurer complètement son impact environnemental sur toutes ses chaînes de développement, d’approvisionnement et de production et prendre des mesures radicales de réduction de celui-ci, au-delà même de cette nouvelle extension.

 

Ce projet d’extension a des impacts sur l’ensemble de l’entreprise et en particulier sur l’ensemble des sites en France :

  • Modification des équilibres de production entre les sites, notamment au détriment de Rousset,
  • Des transferts de technologie entre les sites,
  • Des augmentations de charge de travail pour les divisions présentes sur d’autres sites pour développer des produits à un rythme soutenu, pour accompagner l’accélération de la construction de l’extension,
  • Développement de tous les supports pour accompagner cette augmentation d’activité (supply chain, informatique, planning division, ventes…). Ces supports sont majoritairement sur d’autres sites que Crolles,
  • Impact sur le site de Grenoble en particulier en termes de transferts de personnes ou de concurrence sur les embauches, …

Les élu-e-s CGT du CSE Central demandent donc que le CSE Central soit informé et consulté régulièrement lors de sessions extraordinaires dédiées, au moins une fois par semestre.

La CGT défend un développement industriel du pays, qui doit répondre aux besoins des populations, assumer son impact social par sa participation aux impôts et cotisations sociales, respecter l’environnement et qui doit reconnaître le travail des salariés.
Pas question pour nous de valider un projet en l
’état qui évacue ces exigences.

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