« Accélération de tempo chez STMicroelectronics. Porté par une dynamique de marché plus forte que prévue, le fabricant franco-italien de puces électroniques, qui compte 46 000 salariés dans le monde, dont 10 800 en France, s’attend à un chiffre d’affaires de 12,1 milliards de dollars en 2021, atteignant ainsi son objectif stratégique de plus de 12 milliards de dollars deux ans en avance sur son plan précédent. Une projection saluée en Bourse par un gain de l’action de 4,6 %. » (Usine Nouvelle)
« Le résultat d’exploitation a augmenté de 90,3% pour s’établir à 440 millions de dollars et le résultat net de 89,6% à 364 millions de dollars. » BFM
« Par ailleurs « afin de soutenir la forte demande du marché et nos initiatives stratégiques », le dirigeant a indiqué que STM prévoyait à présent d’investir « environ 2 milliards de dollars » en capex cette année, soit le haut de la fourchette de 1,8 à 2 milliards visée précédemment, laquelle avait été relevée par rapport à une première indication de 1,5 à 1,7 milliard de dollars de dépenses d’investissement. » BFM
ST a donc annoncé de beaux résultats trimestriels, un quasi doublement des bénéfices et une prévision de chiffre d’affaires et d’investissements en hausse.
Rien de surprenant dans le contexte actuel du marché des semi-conducteurs, marqué par les pénuries que l’on sait.
Deux points sont à relever :
Tout d’abord, ces résultats masquent en fait un immense recul de notre industrie en Europe; ainsi de ST qui pointait à la 5ème place mondiale en 2005, 2006 et 2007, et qui aujourd’hui n’est plus dans le « Top Ten ».
https://stmicro.reference-syndicale.fr/files/2021/03/presentation-journee-microelec.pdf
Le gouvernement français (dont M.Macron alors Secrétaire Général de l’Elysée puis Ministre de l’économie) et la direction de ST (dont le PDG actuel) portent une responsabilité majeure dans ce recul, en ayant arrêté le secteur le plus avancé et la R&D de pointe de ST dans les années 2010.
Aujourd’hui, crise du Covid oblige, le débat est relancé, notamment par le Commissaire Européen M.Breton qui présentera à Bruxelles le 5 mai une « revue stratégique censée être l’occasion de lancer une alliance réunissant tous les acteurs de la chaîne de production des semi-conducteurs ».
La CGT qui s’était opposée au recul des années 2010 planche sur le sujet :
https://stmicro.reference-syndicale.fr/2021/04/22/electronique-une-filiere-a-developper-durgence/
Ensuite, ces résultats de ST profitent essentiellement aux actionnaires (dividendes rétablis à leur niveau d’avant Covid), à la couche dirigeante (via le mécanisme des actions gratuites), au détriment de la majorité des salarié.e.s (année 2020 à 0% d’augmentation, faible augmentation en 2021, intéressement minable, pas de participation etc.) et tout particulièrement au détriment du bas de l’échelle. C’est ainsi que malgré les demandes incessantes de notre syndicat, l’entreprise maintient dans ses usines, et notamment dans celle de Crolles, un « volant » d’intérimaires extrêmement élevé, correspondant en fait à des emplois permanents.