Déclaration CGT STMicroelectronics, au Conseil d’Administration ST SA du 1er octobre 2014 :
La direction de ST affiche un discours rassurant pour le moyen-long terme, à partir de 2016-2017.
Le premier problème est qu’en même temps la direction maintient des objectifs financiers
inatteignables, notamment pour la partie EPS en 2015, ce qui fait craindre de nouvelles suppressions d’emplois.
Le second problème est la stratégie elle-même. La CGT ne peut pas se satisfaire d’une stratégie basée sur des paris reposant sur un nombre toujours plus restreint de produits et des hypothèses de chiffre d’affaire avec quelques clients.
La première urgence est de reconstruire toute la stratégie de ST, avec pour ambition de faire des produits nouveaux et de charger les unités de fabrication, notamment Crolles qui subit du chômage partiel. Il faut sortir de la vision étriquée actuelle qui place ST dans une spirale de recul. Un nouveau projet industriel doit être porté par une direction complétement renouvelée.
L’organisation du travail doit être repensée, pour favoriser l’innovation. Nous pensons que les salariés de ST ont beaucoup d’idées sur ce qu’il faudrait faire pour sortir de la crise actuelle. A l’inverse de ce que fait la direction, qui maintient les salariés et leurs représentants éloignés des décisions, nous croyons qu’il serait très utile de faire participer les salariés au débat sur l’avenir de ST. Nos collègues savent quels sont les secteurs d’avenir, les savoir-faire mobilisables.
Pour sortir du marasme actuel, il n’est pas possible d’esquiver la question des moyens. Dans l’immédiat, et avec les moyens dont elle dispose, ST peut faire différemment. La réaffectation des dividendes à la R&D et l’investissement, l’utilisation correcte des subventions, le recours à l’endettement permettraient déjà d’engager le redéveloppement.
Il faut aussi une volonté politique qui doit se traduire par une forte implication des pouvoirs publics français et européens. Nano 2017 est insuffisant au regard de ce qu’il faudrait pour construire une industrie des semi-conducteurs pérenne en France et en Europe. Ce n’est pas 400 M€ sur 5 ans qu’il faut, mais plutôt 4 Md€ sur 5 ans. C’est tout à fait possible si on compare cette somme aux cadeaux fiscaux faits au patronat en pure perte (5 Md€ par an de crédit impôt recherche, 200 Md€ d’exonérations fiscales, etc…). Comment comprendre qu’une entreprise (Huawei) puisse annoncer recruter 650 personnes et investir 1,9Md$ en France sur 5 ans, et que l’Etat français en soit incapable, se contentant de consacrer 400M€ sans aucune garantie de créations d’emplois ?
Il faut aussi intervenir avec force au niveau européen pour obtenir réellement une politique
coordonnée de soutien à l’industrie micro-électronique. Il y a déjà une prise de conscience qu’il y a un gros problème à l’échelle européenne pour l’industrie des semi-conducteurs et que l’Europe ne peut pas sortir de ce secteur-clé pour toute l’industrie. Cette prise de conscience ne doit pas en rester aux déclarations d’intention, mais se traduire dans les faits. Les Etats français et italien ont un rôle important à jouer en ce sens-là.
Contact : Marc Leroux 0686264303,
Délégué Syndical Central CGT STMicroelectronics