Le 12 mai 2015 M. Carlo Bozotti a déclaré aux investisseurs réunis à Londres :
«Le statu quo n’est plus tenable (pour la division DPG, produits numériques), ces pertes sont inacceptables. Le problème doit être réglé et nous étudions toutes les options»
En toute logique, il aurait dû accompagner cette déclaration par sa démission, car la situation actuelle est l’échec de la politique qu’il a mené depuis son arrivée. Celle-ci est caractérisée par un manque de vision industrielle et une vision uniquement comptable. Les ventes d’activités (exemple les mémoires à Numonyx/Micron), l’arrêt de ST-Ericsson ont profondément déstabilisé l’entreprise. La fermeture de sites comme Bristol et Rabat ont fragilisé des équipes et des savoir-faire essentiels pour l’entreprise. Le manque d’embauches a retardé les projets et les technologies, créant un manque criant de produits. Au lieu de renforcer le sentiment de solidarité et d’appartenance à une même entreprise, la séparation de ST entre EPS et SPA a créé un sentiment de coupure entre une partie « analogique » rentable essentiellement basée en Italie (SPA), et une partie digitale basée en France (EPS), déficitaire et ayant besoin d’investissements importants.
Arrêts successifs et ventes d’activités, sous-investissement chronique, manque d’embauches, sont allés de pair avec une politique sociale médiocre, versement de dividendes et avantages divers (rachats d’actions, stocks-options, …). Au nom de quels résultats a-t-il été décidé de lui octroyer 100 000 actions cette année ?
A la décharge de M. Bozotti, il faut reconnaître que cette politique n’a pu être possible que parce que les pouvoirs publics français et italiens ont laissé faire, faute d’ambition industrielle à la hauteur des enjeux nationaux et européens que représentent la micro-électronique.
Après la déstabilisation profonde provoquée par la découpe de ST avec la création de ST-Ericsson puis son arrêt, c’est aujourd’hui tout le secteur numérique qui est menacé, et à terme ST dans son ensemble, et indirectement la partie analogique indissociable. La solution ne viendra pas de l’équipe dirigeante en place qui est à renouveler. C’est pourquoi nous nous tournons vers les pouvoirs publics pour qu’ils prennent l’exacte mesure du désastre en cours.
Il est nécessaire que les salariés interviennent une nouvelle fois pour défendre leur emploi et leur outil de travail, fruit de 50 ans d’investissements publics.
Nous demandons :
– l’abandon de la « stratégie » financière court-termiste
– le retour à une stratégie de développement dans tous les secteurs de l’entreprise et les investissements nécessaires pour garantir l’avenir de tous les sites, l’indépendance technologique et la pérennité des emplois
– le départ sans parachute doré du PDG et la nomination d’une équipe dirigeante apte à redévelopper l’entreprise industriellement et socialement.