qui se termine ainsi … un avis très pessimiste !
« Une défaite européenne
La plupart des entreprises européennes se portent plutôt bien, dans la mesure où la demande en provenance du secteur automobile ne décroît pas. Mais, si ces microprocesseurs conviennent aux véhicules, ils ne sont pas franchement à la pointe de la modernité. L’Europe ayant abandonné l’ambition de rivaliser avec Apple et Samsung dans la production de tablettes et de smartphones, nul ne peut assurer qu’il existe une demande européenne pour des microprocesseurs logiques de dernière génération les plus finement gravés. Et, si la demande ne se situe pas en Europe, pourquoi les multinationales installeraient-elles des lignes de production là où il leur faudrait payer des salaires plus élevés qu’en Asie ? On voit mal les entreprises américaines se précipiter pour faire fabriquer leurs composants à Dresde plutôt qu’à Taipei.
Ainsi, comme on pouvait s’y attendre, les déclarations de M. Breton n’ont pas suscité l’enthousiasme. Les mastodontes européens n’ont nulle envie d’investir des milliards pour assurer la fabrication européenne de puces de pointe d’ici à 2030. Intel, appelé à l’aide avec Samsung et TSMC, s’est courageusement porté volontaire, à condition que chaque usine reçoive une subvention d’au moins 4 milliards d’euros.
- Breton reste convaincu que, si l’Europe ne dispose pas pour le moment d’un marché pour les puces les plus avancées, sa mission consiste à créer les technologies qui le feront éclore. Voilà qui relève de la pensée magique. La dépendance européenne en matière de semi-conducteurs trahit un malaise bien plus profond, que des injections financières ne suffiront pas à dissiper. Ayant sous-traité sa défense au Pentagone et sa stratégie industrielle à ses constructeurs automobiles, l’Europe a perdu toute capacité à planifier stratégiquement sa production électronique. Elle se demande d’ailleurs parfois pourquoi il faut perdre tout ce temps à y réfléchir.
L’appareil technologique qui propulse l’économie européenne était censé n’obéir qu’aux lois du marché et rester à l’écart des enjeux géopolitiques. Ce pari se révèle tout à fait stupide. On peut en avancer un autre : l’« Airbus des semi-conducteurs » dont se gargarisent les technocrates européens volera sans doute sous pavillon chinois. »
l’article complet :DIPLO_LES SEMI-CONDUCTEURS AU CENTRE D’UNE BATAILLE PLANETAIRE