Communiqué de presse CGT ST France Partenariat STMicroelectronics / GlobalFoundries

Communiqué de presse CGT ST France
Partenariat STMicroelectronics / GlobalFoundries
Plusieurs milliards d’euros pour des puces
mais pas pour les retraites !

Le 6 juin 2023

Près d’un an après l’annonce du partenariat entre STMicroelectronics et GlobalFoundries pour l’extension de l’usine ST Crolles2 300mm, l’Etat français vient de signer le contrat d’aide financière au projet, avec une participation maximale de 2,9 Md€ sur un total de 7,5 Md€.
7,5 Md€ dont 2,9 Md€ d’argent public, c’est une somme ! Surtout lorsqu’on la compare au déficit prévisionnel de 13 Md€ à horizon 2027 de notre système de retraite, qui justifierait, selon le Président de la République et son gouvernement, que 23 millions d’actifs perdent deux ans de leur vie au travail. Une nouvelle fois, s’il fallait encore le prouver, la réforme des retraites n’est pas justifiée. Pour financer les retraites, il y a de l’argent s’il y avait une volonté politique ! D’autant que 13 Md€ au regard des 346 Md€ de pensions versées par an, c’est peanuts ! Mais le pouvoir préfère prendre soin des entreprises et des actionnaires, plutôt que des citoyennes et citoyens du pays. Rien que pour l’année 2021, l’Etat a versé 256 Md€ d’aides aux entreprises. Et les entreprises ont versé 259 Md€ de dividendes à leurs actionnaires…
Même si la CGT a toujours poussé au développement de l’industrie des semiconducteurs et qu’elle est satisfaite que l’Etat y participe, nous ne sommes pas satisfaits que ce développement se fasse au détriment du financement des services publics et de notre système de protection sociale, dont les retraites.

D’autre part, nous pensons que l’Etat doit conditionner l’aide donnée aux entreprises STMicroelectronics et GlobalFoundries, au niveau social comme environnemental.

Pour STMicroelectronics en l’occurrence, nous dénonçons :

● Une organisation du travail, où il faut toujours faire vite et plus mais avec des moyens limités. Les salariés de ST comme les sous-traitants en font régulièrement les frais au péril de leur sécurité et de leur santé. Et, les travaux d’extension de l’usine ne sont pas épargnés avec son lot d’accidents graves;
● Une reconnaissance du travail au minimum en comparaison des très bons résultats financiers de ST, faisant que des ingénieurs n’ont pas d’augmentation individuelle malgré qu’ils aient été bien notés pour leur travail en 2022;
● Une politique de l’emploi qui vise à supprimer, ces mois-ci, 150 contrats d’intérimaires formés, alors que le partenariat ST/GF dit vouloir créer 1000 emplois;
● Une politique environnementale avec beaucoup de communication de la part de ST, mais un manque
cruel d’ambition notamment sur la question de l’eau et des transports.

Ensuite, sur le partenariat ST/GF, nous formulons des inquiétudes. Car, depuis l’annonce en juillet 2022, GF est aux abonnés absents. Les travaux d’extension se sont poursuivis (gateways 4 à 6), mais à la seule charge de ST. Il en est de même pour l’achat des équipements des gateways 4 et 5. De plus, il semblerait qu’une fois la construction du gateway 6 terminée, le bâtiment resterait vite et les travaux d’extension seraient suspendus jusqu’à nouvel ordre. GF est-il donc un partenaire fiable, qui ne compte pas que sur de l’argent public pour investir ?

Enfin, de l’argent public étant largement distribué, nous attendons de l’Etat qu’il soit transparent ! Pourquoi le coût global du partenariat ST/GF, pour l’extension de l’usine de ST Crolles2 300mm, est-il passé de 5,7 Md€ à 7,5Md€ en moins d’un an ? L’Etat a fait part de sa contribution à hauteur de 2,9 Md€, mais quelles seront les contributions respectives de ST et de GF ? Par ailleurs, si l’usine est plus rentable que prévu, une part de l’aide d’Etat devra être remboursée aux autorités publiques, mais quel est le niveau de rentabilité visé ?

 

STMicroelectronics à Grenoble : des milliards pour les puces électroniques qui pompent l’eau – Libération (liberation.fr)

Comment STMicroelectronics tente de limiter la consommation d’eau de son plus grand site en France (usinenouvelle.com)

[Comment STMicroelectronics tente de limiter la consommation d’eau de son plus grand site en France
A Crolles, STMicroelectronics absorbe l’équivalent en eau d’une ville de 100 000 habitants. Une consommation
vouée à croître avec l’arrivée de l’usine que le groupe partagera avec GlobalFoundries. Dans un contexte de
sècheresse, où l’eau devient une ressource rare, l’électronique iséroise est sous pression. STMicro a engagé trois axes d’amélioration: l’efficacité hydrique des
procédés de fabrication, le recyclage et la diversification des approvisionnements. STMicroelectronics. A Crolles (Isère), où se situe son plus grand site industriel en France, le fabricant francoitalien de puces électroniques en a absorbé 4,2 millions de mètres cubes en 2022, un volume comparable à celui consommé en 2021, alors que la production a augmenté, selon les informations communiquées à L’Usine Nouvelle par l’entreprise. Cette consommation représente plus de 13% de la production des Eaux de Grenoble Alpes, quigère le cycle d’eau dans la métropole. De quoi faire de l’établissement de STMicroelectronics à Crolles son plus grand client. Selon la CGT du site, le volume de consommation du site équivaut à celui d’une ville de 100 000 habitants…
Car en plus d’être énergivore, la production de semiconducteurs est aussi très gourmande en eau. «Il y a principalement trois gros postes de consommation: le rinçage des plaquettes de puces après chaque opération de gravure chimique ou de ponçage, qui se répète des centaines de fois dans le cycle de fabrication ; le refroidissement de certains équipements de production,
comme les fours d’oxydation ; ainsi que l’alimentation du système de refroidissement de l’air dans la salle blanche, qui maintient la température autour de 21°C et l’hygrométrie autour de 45%», explique à L’Usine Nouvelle Guy Dubois, ancien manager chez STMicroelectronics, aujourd’hui à la retraite.
STMicroelectronics cite de son côté un autre poste de consommation: la station de traitement des effluents.

Une phase de rinçage répétée des centaines de fois Le cycle de fabrication dure entre trois et six mois. Les opérations de rinçage des plaquettes de puces nécessitent de l’eau ultra-pure obtenue par traitement sur le site, de l’eau prélevée sur le réseau public. Les systèmes de refroidissement et la station d’épuration se contentent d’une eau de moindre qualité.

L’eau utilisée pour le refroidissement est rejetée dans l’atmosphère sous forme de vapeur. Celle consommée dans les opérations de rinçage sort sous formed’effluents, traités par la station d’épuration sur place depuis 2000. Une partie de l’eau traitée est recyclée principalement dans les systèmes de refroidissement, le reste est rejeté dans l’Isère. «Il est probable que l’eau rejetée dans l’Isère soit plus propre que celle qui y coule naturellement, souligne Guy Dubois. Mais elle n’est pas assez pure pour être réutilisée dans le refroidissement, et encore moins dans les opérations de rinçage des
plaquettes de puces.»
A Crolles, STMicroelectronics bénéficie d’une eau abondante, accessible et de qualité. Selon la CGT du site, l’entreprise paie le mètre cube d’eau 30% moins cher que les particuliers. «Cela ne l’encourage pas à développer le recyclage, car l’eau recyclée lui coûterait plus cher que celle achetée au réseau public, affirme à L’Usine Nouvelle Aymeric Mougeot, ingénieur et délégué
CGT. Or, la préservation des ressources en eau revêt des enjeux stratégiques pour notre industrie, surtout le contexte actuel de sécheresse.»
STMicroelectronics conteste ce chiffre et affirme, au contraire, payer le mètre cube d’eau 29 % plus cher que les particuliers.
Investir davantage dans le recyclage La direction avance pour sa part un travail constant d’amélioration de l’efficacité hydrique des processus de fabrication et d’augmentation du taux de recyclage.
Selon les chiffres communiqués à L’Usine Nouvelle, les derniers équipements consomment six fois moins d’eau que ceux installés il y a vingt ans. Associé à l’optimisation des processus de fabrication, cet effort a engendré une réduction de la consommation d’eau par plaquette de puces produite de 41% entre 2016 et 2022.
Le taux de recyclage atteint 43% en 2022, et l’objectif est de monter à 50% en 2025. «Ce taux de recyclage n’est pas assez ambitieux à notre sens, tranche Aymeric Mougeot. Nous pensons qu’il faut aller plus loin, comme l’envisagent Samsung en Corée du Sud et Tower en Israël. En théorie, il est possible de monter à 90%, car les 10% restants sont perdus sous forme de vapeur.
Mais pour cela, il faut accepter d’investir davantage qu’on ne le fait aujourd’hui.»
Après s’être stabilisée ces dernières années, la consommation d’eau de STMicroelectronics à Crolles va en plus grimper entre 2024 et 2026. En cause: l’ouverture d’une nouvelle usine conjointe avec le fondeur américain de puces GlobalFoundries. Cette nouvelle installation de 5,7 milliards d’euros devrait plus que doubler la capacité de production de plaquettes de 300 mm sur le site. Selon la CGT, elle ferait passer la consommation horaire d’eau d’un peu moins de 600 mètres cubes aujourd’hui, à environ 800 mètres cubes au démarrage, avec le risque d’atteindre 1 200 mètres
cubes, si rien n’est fait pour augmenter le recyclage. Création d’une nouvelle unité de traitement Pour accompagner cette évolution, une nouvelle unité de traitement d’eau est en construction, pour un
investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros. Le bâtiment est sorti de terre et devrait entrer en service en 2024. Dans le même temps, l’entreprise cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement. Elle a obtenu l’autorisation de réaliser deux forages de prélèvement d’eau dans la nappe phréatique du site.
Cette nouvelle source devrait être disponible en 2024. Mais selon la CGT, cette eau est de moindre qualité que celle fournie par le réseau public. «C’est bien pour
sécuriser les approvisionnements en eau, note Aymeric Mougeot. Mais cette solution n’est pas la panacée. Le niveau des nappes phréatiques est aujourd’hui très bas.
Les salariés s’inquiètent de l’impact potentiel de ce problème sur leur travail. Notre industrie doit se saisir de ce sujet et se montrer ambitieuse.»
La CGT plaide pour une mutualisation des approvisionnements et du traitement de l’eau avec son voisin Soitec, qui consomme aujourd’hui quatre fois
moins d’eau que STMicroelectronics, mais qui devrait aussi voir sa consommation grimper en flèche avec l’extension de la production de son usine Bernin 3 de substrats piézoélectriques sur isolant (POI) et l’ouverture en 2023 de sa nouvelle usine Bernin 4 de substrats de carbure de silicium (SmartSiC). Or, Soitec ne dispose pas de station de traitement sur son site à Bernin, qui est
implanté en face de celui de STMicroelectronics à Crolles. Le groupe envoie ses effluents par camionsciternes à un prestataire extérieur pour leur traitement.
«Nous aurions beaucoup à gagner à mutualiser nos traitements des effluents, constate Aymeric Mougeot. Ce serait plus efficace en investissement et mieux pour
l’environnement.»
L’eau, un sujet sensible à Grenoble
La consommation d’eau par ces deux industriels emblématiques de la microélectronique française devient un sujet si sensible dans le bassin grenoblois que L’Usine Nouvelle a éprouvé des difficultés à contacter un porte-parole de STMicro sur le sujet. Le 14 décembre, un collectif réunissant agriculteurs, écologistes et citoyens sous le nom «Stop Micro!» a notamment organisé une manifestation, à Grenoble, avec les slogans «De l’eau, pas de puces» ou «Coupons le robinet à STMicro». Pour marquer les esprits, le collectif a entassé 336 bouteilles
d’eau d’un litre chacune devant la régie Eaux de Grenoble Alpes, représentant selon lui la consommation d’eau potable par seconde de STMicroelectronics à Crolles et de Soitec à Bernin à l’horizon 2023-2024. Les manifestants comptent rééditer l’opération entre la Gare de Brignoud et Crolles le 1er avril prochain. STMicroelectronics rappelle faire partie d’une industrie considérée comme stratégique pour la souveraineté de la France et de l’Europe. L’expansion du site de Crolles contribue aux objectifs de la France et de l’Union européenne de doubler leurs poids dans la production mondiale de semi-conducteurs d’ici 2030. La direction dit prendre au sérieux la problématique de l’eau. Un comité de sobriété hydrique a été mis en place, dans la lignée de celui sur la sobriété énergétique. Rassemblant tous les sites du groupe en France, il pilote et suit les initiatives de réduction de la consommation d’eau. Son travail va jusqu’à la sensibilisation des salariés sur la préservation de cette ressource rare. Le groupe est le premier employeur sur le bassin grenoblois avec environ 5 000 personnes à Crolles et 2 300 personnes à Grenoble]

De l’eau, il y en a pour STMicro – Le site du journal Le Postillon

 

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