L’agenda de la Présidence de la République annonce pour le 18 mars un déplacement en Isère et la presse indique que M. Hollande devrait se rendre à ST Crolles puis à la Mairie.
En 5 ans le bilan est lourd pour ST et la micro-électronique en France et en Europe.
Abandon des produits les plus avancés (en téléphonie puis dans les décodeurs) et perte de compétence dans les systèmes complexes. Arrêt de la R&D technologique, lié au point précédent, faisant perdre à terme l’indépendance technologique, alors même qu’existe en Isère un éco- système apte à poursuivre cet effort. Conséquence de tout cela : la chute du Chiffre d’Affaires.
L’Etat actionnaire, le gouvernement, n’a pas empêché ces décisions de la direction de ST. Une responsabilité partagée avec son homologue italien, dans un contexte d’affaiblissement de l’Europe.
Certes, en France et en Italie, les actionnaires étatiques ont bloqué, suite aux campagnes syndicales et aux actions des salariés, les licenciements, transformés en départs « volontaires ». Mais les emplois en moins sont bien là. Et le site R&D de Paris est menacé.Ailleurs dans le monde, en Europe, en Asie, aux USA, au Maghreb… le recul de ST s’est traduit par des milliers de licenciements et par une perte de substance considérable. Le gouvernement a commencé à faire baisser – enfin ! – lesdividendes, sous la pression de la campagne syndicale « 0 dividende » mais ils restent très élevés (près de 250 Millions). La direction générale est toujours en place et on ne sait pas ce qui se passera en mai à la fin du mandat triennal du PDG.
Pour le futur, on peut s’attendre à ce que M. Hollande se réjouisse de la montée en puissance actuelle du site de Crolles et de la reprise (modérée !) des investissements de ST. C’est bien sûr un soulagement, mais il est bien fragile et surtout la stratégie globale de l’entreprise reste très timorée et essentiellement financière.
Sur le terrain, la gestion boutiquière perdure: investissements et embauches trop limités et décidés au dernier moment,rendant difficile la réalisation correcte des objectifs et mettant les salariés sous pression, sans que cela soit récompensé à sa juste valeur. La politique « sociale » (si on peut dire !) reste rachitique ou inexistante depuis des années, voire en recul dans certains accords locaux.
Plus globalement, la direction semble se satisfaire de ce qui fonctionne bien ou pas trop mal dans ST. Mais les ambitions sont limitées, et les moyens ne sont pas mis :
- Ni dans la R&D systèmes et produits, pour faire face à l’évolution vers des systèmes de plus en plus complexes partout (IoT, automobile, microcontrôleurs, MEMS etc…). Et le récent rachat de Mobileye par Intel suivi par l’accord Nvidia-Boschmontre que les concurrents ne sont pas inactifs !
- Ni dans l’outil industriel : ainsi à Crolles où la non-construction de l’extension prévue oblige à « choisir » entre les technologies pouvant être produites à ST et donc à sous-traiter en Asie une partie ; ainsi à Rousset où l’avenir à moyen terme n’est pas assuré ; ni à Tours où les investissements sont trop limités
- Ni en R&D technologique, où le retard s’accumuleUne nouvelle fois, la CGT interpelle le gouvernement pour obtenir une vraie stratégie de redéveloppement à la hauteur des enjeux dans les trois domaines cités ci-dessus. Pour mettre en œuvre ce redéveloppement, en investissements, en embauches, en social, il faut des moyens. Mobilisation des ressources de ST (0 dividendes). Apport de capital. Coopération en premier lieu en Europe.
CGT STMicroelectronics France, le vendredi 17 mars 2017