Egalité Professionnelle à ST : où en sommes-nous ?

11 salariées et ex-salariées avait porté plainte contre ST. En octobre 2023, ST a été condamné dans 10 dossiers pour discrimination de genre et non application de l’accord égalité à 800 k€ de dédommagements et à une requalification d’une démission en licenciement abusif.

Pour deux dossiers, l’appel est fini. Ces deux collègues ont quitté ST avant 2015 (une démission et un licenciement pour inaptitude). Pour un dossier, un premier résultat d’appel est tombé le 17 octobre dernier : discrimination reconnue, demande de rupture de contrat reconnue aux torts de ST. Cependant les juges demandent des compléments pour le repositionnement salarial depuis 2016.

Pour les 8 derniers dossiers, un deuxième passage en appel a eu lieu le 16 octobre dernier, pour le repositionnement salarial depuis 2016. Les décisions complètes seront connues le 19 décembre 2024.

Ces procès sont longs, coûteux, et stressants pour nos camarades. La fin de la phase d’appel ne va pas clore forcément cette histoire : ST peut encore se pourvoir en cassation, soit potentiellement plusieurs années de luttes.

Aujourd’hui nous sommes fières du chemin que nous avons parcouru !

 

Est-ce mieux ailleurs ?

L’enquête de « Elles Bougent »*, de septembre 2024 montre que le sentiment d’inégalité est encore très fort pour les femmes Techniciennes et Cadres (étudiantes ou déjà en fonction). On pourrait imaginer que ce sont des impressions et que la réalité évolue plus vite que les préjugés.

https://www.ellesbougent.com/ressources/enquetes/re sultats-de-enquete-nationale-elles-bougent-2856/

Or le sentiment de ces femmes semble être plus qu’un préjugé : l’APEC vient juste de publier une enquête, le 8 octobre 2024, sur la réalité des écarts entre les femmes et les hommes Cadres :

ttps://corporate.apec.fr/home/actus- medias/toutes-nos-actualites/au-travail-les- inegalites- envers-les-femmes-persistent.html

Ces deux enquêtes faites par des organismes patronaux montrent que le chemin est encore long.

La voie individuelle (qu’elle soit juridique, comme nos procès ou qu’elle repose sur des changements individuels, comme le propose la direction) ne sera pas suffisante pour que les femmes qui le souhaitent aient les mêmes opportunités de carrières que les hommes et qu’elles puissent le vivre sereinement sans subir de violences sexistes. Cette lutte collective reste à construire à ST.

*: “Elles Bougent” est une association d’entreprises à laquelle ST adhère : elle a pour objectif de “marrainer” des jeunes filles pour leur faire découvrir les métiers techniques peu féminisés.

 

Egalité professionnelle dans ST : et aujourd’hui ?

ST s’adresse très largement aux salarié.es sur le sujet : journée à thèmes, conférences, actions avec des partenaires associatifs, etc. Cette communication à outrance est quasi uniquement axée sur les changements individuels : travailler sur les biais sexistes, les stéréotypes, détecter les situations problématiques.

Or cette méthode se heurte à un problème majeur : ST reste une entreprise contrôlée par des hommes, où la suprématie de la valeur technique règne en maître. Malgré des échanges qui peuvent paraître volontaristes et de bonne foi, les affaires reprennent vite : il suffit de compter les femmes dans les nouveaux organigrammes des groupes, dans les remises des divers AWARD publiés sur InST news… Business as usual et rien de tel qu’un bon boy’s club à la direction de ST pour assurer un entre soi bien confortable.

Que chacun réfléchisse à son comportement et accepte de faire son autocritique pour s’améliorer est une bonne chose, mais il faudra beaucoup plus que du volontarisme pour bouleverser la structure bien patriarcale de l’entreprise.

Une avancée a quand même eu lieu ces derniers mois : le “profil référent” devrait partir aux oubliettes. Cet indicateur mis en avant par la direction et certaines Organisations Syndicales depuis des années et que nous avons maintes fois combattu a été déclaré inopérant par les juges pour évaluer les éventuels écarts de traitement entre les femmes et les hommes.

Les Organisations Syndicales et la direction travaillent actuellement sur le remplacement de cet indicateur. L’idée de fond reste la même : aux femmes de venir individuellement quémander des informations sur leur positionnement. À ce stade, nous sommes convaincu.es que la voie actuellement empruntée n’aboutira pas à un réel changement de paradigme. Traiter un problème systémique et sociétal en proposant que ce soient des femmes qui individuellement viennent faire étudier leur propre situation, les unes après les autres, en espérant qu’elles ne le fassent pas toutes en même temps, ne nous semble absolument pas suffisant et peu ambitieux, pour que dans un avenir proche toute femme et à terme tout individu quel que soit son genre, son origine, son orientation sexuelle, son âge puisse être traité de façon égalitaire.

Les dés sont jetés pour les femmes de 50 ans ou plus, car une bonne partie de leur carrière est jouée (cette partie de carrière où les promesses d’évolution sont les meilleures, avant que le monde du travail nous considère comme vieux et vieilles …). Pour elles, l’étude des retards de carrière a du sens. La lutte collective doit être menée par les plus jeunes massivement embauchées ces dernières années. Surtout que de nombreuses personnes embauchées dernièrement vont être confrontées à des risques de discrimination à la fois sur le genre, mais aussi sur l’origine ou la religion.

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