Actuellement le travail du samedi – hors horaires postés et astreintes- est rare ou exceptionnel et se fait sur la base du volontariat. Il y avait besoin de donner un cadre pour homogénéiser les pratiques d’un site à un autre.
Mais là il s’agit de toute autre chose…
Jugez vous-mêmes. Nous reproduisons ci-dessous l’extrait du projet d’accord présenté par la direction le 25 septembre 2018 concernant ce travail du samedi :
Travail le samedi
Pour des besoins de service, il peut être demandé aux salariés de venir travailler le samedi. L’entreprise privilégiera en toutes hypothèses le volontariat et respectera, en tout état de cause, un délai de prévenance d’une semaine.
Salariés en heures
Pour les salariés dont le décompte du temps de travail est réalisé en heures et dont le travail normal n’est pas réalisé le samedi, les heures effectuées sur cette journée seront traitées en heures supplémentaires.
Salariés en forfait jours
Pour les salariés en forfait jours, le travail le samedi donnera lieu à des modalités de récupération dans les conditions ci-après définies :
La récupération ne saurait être inférieure à une journée de récupération pour un samedi travaillé,
La récupération de samedis travaillés devra être réalisée dans un délai maximum de 6 mois,
À la demande expresse du salarié, la récupération peut être payée.
Le travail du samedi devant rester exceptionnel, dans le cas où l’activité conduirait un salarié à travailler plus de 8 samedis par année civile, son accord devra être formalisé par écrit. En tout état de cause, les salariés ne pourront travailler plus de 16 samedis par année civile.
Par exception, si l’activité ne permet pas de respecter un délai de prévenance d’une semaine, d’envisager la récupération et/ou si l’activité impose le travail de plus de six samedis dans l’année civile, l’accord formel du salarié devra être obtenu. Par ailleurs, si l’activité ne permet pas de proposer une récupération, la rémunération du jour travaillé devra être majorée de 10% minimum.
De quoi s’agit-il ? D’abord de pouvoir imposer, au-delà des précautions de langage, le travail le samedi. Et ensuite de le faire sans réelles compensations. Voire de remplacer en partie les astreintes par un système beaucoup moins coûteux pour l’entreprise. On peut même redouter qu’à terme le taux de rémunération du samedi chez les postés soit remis en cause.
Le projet de la direction concerne les personnes en forfaits jours et les mensuels. On est très loin d’un usage « exceptionnel ». Jusqu’à 16 samedis par an peuvent être travaillés, avec l’obligation d’obtenir l’accord salarié uniquement à partir du 8ème. Le délai de récupération est très long, et le restera même s’il passait à 3 mois.
Le principe retenu est une simple récupération des samedis travaillés pour les forfaits jours, ce qui revient à considérer le samedi comme un jour « comme les autres », ce qu’il n’est pas dans la vie de famille !
Pour les mensuels on en reste au régime des heures supplémentaires. Concernant le taux des heures sup, 10% sont prévus dans le projet d’accord national. La direction a dit oralement que s’il y a un accord local plus favorable, le salarié pourra choisir !!! A Grenoble la CGC dit avoir obtenu l’engagement du DRH local que ce taux serait de 50% !!! Tout le monde comprendra la fragilité de ce genre de déclarations et promesses.
Pour la CGT, le travail du samedi doit rester exceptionnel, doit être cadré, être exclusivement utilisé sur volontariat et donner lieu à des compensations qui vont au-delà de la récupération des jours travaillés.
Nous demandons par exemple :
- Qu’un salarié ne puisse pas être sollicité plus de 2 samedis consécutifs
- Que la récupération ait lieu dans les quatre semaines qui suivent
- Qu’aucun manager ne puisse refuser la planification de la récupération au-delà de 2 fois.
- Un taux de rémunération dissuasif
Tous cela pour garantir un équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle
Cette volonté de faire travailler le samedi est aussi un moyen pour ST de ne pas embaucher. Aujourd’hui les embauches sont faites au dernier moment, en nombre insuffisant, quand ça craque trop. Les salariés doivent s’adapter au risque de « burnout ». Au lieu de pousser au travail du samedi, nous demandons qu’on embauche.
Attention : auparavant, un accord d’entreprise ne pouvait pas être inférieur à la loi et à la convention collective. Avec les ordonnances Macron, c’est fini ! Un accord s’impose à tous et prime la loi. Un salarié ne pourra pas refuser de l’appliquer sous peine de risquer le licenciement. Les syndicats ont donc une grande responsabilité dans le contenu de ce qu’ils signent. Soyons vigilants ! Soyons exigeants