Les puces en Europe, TSMC et Samsung à la rescousse ?

Beaucoup d’articles sur une possible relance de notre industrie en Europe. Nous avions fait un point récemment :

https://stmicro.reference-syndicale.fr/wp-admin/post.php?post=2966&action=edit

Une journée d’étude va avoir lieu entre la CGT de ST et celle de SOITEC avec divers participants. Un des enjeux est de faire le lien entre ces projets pour l’instant imprécis et la réalité concrète des entreprises qui subsistent en Europe, notamment ST.

Voici aussi le lien vers un rapport de l’Institut Montaigne publié en janvier, en anglais.

https://www.institutmontaigne.org/en/publications/weak-links-chinas-drive-semiconductors

La semaine dernière, un article du « Siècle Digital »                   indiquait que l’Europe envisageait de faire appel à TSMC et Samsung pour créer une usine moderne sur son territoire.

https://siecledigital.fr/2021/02/18/tsmc-samsung-ue-fonderie-semi-conducteurs/

L’article se concluait ainsi :

« Des travaux sont en cours et un plan d’investissement pourrait être dévoilé d’ici la fin du premier trimestre 2021. Thierry Breton a annoncé en décembre un investissement initial public-privé qui pourrait atteindre 30 milliards d’euros. Une jolie somme… TSMC, de son côté, envisage d’investir un peu moins de 21 milliards d’euros minimum dans les semi-conducteurs en 2021 et Samsung 26 milliards d’euros… »

Nous publions ci-dessous un article de nos camarades de SOITEC :

Faire Face à la Pénurie sur les Composants

Depuis plusieurs semaines, certains secteurs clés de l’économie mondiale sont en difficulté pour leur approvisionnement en composants. Ainsi, après avoir enregistré une chute de ventes record liée à la crise sanitaire (-20% en 2020), le secteur de l’automobile est aujourd’hui menacé alors que la demande repart. Partout dans le monde, des constructeurs automobiles se voient contraints de mettre à l’arrêt leurs chaînes de montage en raison de problèmes de livraison de semi – conducteurs (les stocks ont été réduits au minimum par leurs distributeurs durant le second semestre 2020). L’hyper-concentration du secteur sur quelques fonderies Ces difficultés s’expliquent avant tout par une dépendance forte de l’ensemble des filières en aval vis-à-vis de quelques très gros acteurs asiatiques de la microélectronique. Depuis des années, de nombreux fabricants de puces ont fait le choix d’une approche dite fabless (entreprise sans usine de fabrication uniquement centrée sur la conception), et passent donc par des fonderies pour leur production. Ainsi NXP Semiconductors, leader mondial de l’électronique pour l’automobile, sous – traite l’ensemble de la fabrication de ses puces avancées chez Samsung et le mastodonte TSMC. Cette fonderie basée à Taïwan produit aujourd’hui 25% de tous les composants semi-conducteurs dans le monde. Connaissant les tensions géopolitiques entre la Chine et les Etats-Unis au sujet de ce pays, on peut s’interroger sur l’hyper-concentration du secteur sur cet acteur. Ces fondeurs font donc la pluie et le beau temps concernant les composants. Actuellement il est clair qu’ils privilég ient les marchés grand public, en croissance forte, largement tirés par les smartphones et le secteur internet au détriment des autres filières.

Vers une coalition européenne pour les prochaines générations de puces ?

Alors que la CGT plaide depuis des années pour l’élaboration d’un « Airbus » du numérique, il semblerait que le contexte actuel pousse peu à peu certains décideurs sur notre position. En effet, le commissaire européen, Thierry Breton, appuyé par un rapport récent de l’Institut Montaigne, vise à doter l’Europe d’une fonderie sur son territoire pour produire les prochaines générations de puces les plus avancées et doubler sa capacité de production de puces (passer de 10% à 20% du marché mondial). Les atouts de notre continent pour mener à bien ce projet ambitieux sont majeurs avec des fabricants de tout premier ordre (ST Microelectronics, Infineon…), Soitec pour les substrats avancés, une R&D tirée par des laboratoires de pointe (CEA LETI, IMEC…) et des équipementiers clés tels qu’ASML pour la lithographie. Au vu de l’investissement considérable à réaliser (au moins 10 milliards d’euros), la coalition industrielle à mettre en œuvre dépasse les seuls acteurs du secteur et doit également englober les leaders des filières en aval (Airbus, Alstom, Philips, Renault, Volkswagen, Bosch, Valeo…). Une telle réussite européenne serait une avancée considérable vers la souveraineté numérique (approvisionnement de notre industrie, défense, sécurisation des données…) dans un contexte de guerre technologique et économique entre la Chine et les Etats-Unis. De plus, elle créerait un cercle vertueux (emplois à tous les niveaux de qualification, R&D…) pour l’ensemble de cette filière des composants avancés, mais également au-delà : assemblage et sous-traitance électronique, équipements industriels, logiciels, réseaux & télécommunications…

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