Pourquoi nous demandons toujours la mise en veille temporaire des usines

Au lendemain des premières annonces de confinement, la CGT de STMicroelectronics a demandé une mise en veille temporaire des usines.

Bien que nos productions soient indispensables au monde moderne, comme on le voit aujourd’hui par l’usage des communications pendant le confinement, elles peuvent être stoppées (ou limitées aux produits directement utiles au médical par exemple) temporairement.

A ST France, la direction a mis beaucoup de monde en télétravail, mais a maintenu les usines en activité. Du fait des absences pour garde d’enfants, pour état « fragile », pour suspiscion de Covid19 ou pour d’autres maladies, ainsi que de « droits de retrait », le nombre de personnes présentes dans les usines s’est déjà réduit. De plus un accord d’entreprise, non signé par la CGT, a laissé la possibilité de réduire l’effectif jusqu’à 50%, mais cet accord n’était pas contraignant. Au final on assiste à une réduction des équipes variable suivant les sites.

Mais, contradictoirement, la direction a mis en place des primes d’incitation à la présence sur sites.

La priorité réelle des dirigeants est en fait la continuité d’activité pour maintenir voire accroître le business et nous le déplorons. Notons qu’à Milan, donc en pleine zone rouge lombarde, la direction maintient l’usine d’Agrate en fonctionnement. Les syndicats italiens ont d’ailleurs fait grève le 25 mars pour demander un arrêt des usines lombardes non indispensables, dont celle de ST.

Durant ces quinze jours, la CGT a agi de diverses manières suivant les sites en faisant pression pour que les mesures de sécurité pour les salaries soient améliorées. Ceci s’est notamment fait par des procédures d’alerte pour Danger Grave et Imminent. 
Malgré tout cela, de nombreux salariés de la partie industrielle nous font part de leur inquiétude.
 
Que faire maintenant ?

Le 29 mars, le syndicat des urgentistes a considéré que « la priorité aujourd’hui est d’augmenter immédiatement le nombre de lits de réanimation en mobilisant l’ensemble des ressources industrielles, logistiques et humaines du pays en mettant à l’arrêt toutes les activités non indispensables ». Le Premier Ministre a averti : « Les 15 premiers jours d’avril seront encore plus difficiles que les 15 jours qui viennent de s’écouler ». Le confinement a été prolongé de 15 jours pour tenter de ralentir la propagation du virus.

Même si les départements où les usines de ST sont installées ne sont pas aujourd’hui dans les zones rouges de l’épidémie, nous pensons que la prudence doit prévaloir et qu’il vaut mieux écouter les médecins que la direction de ST. Les médecins nous disent que nous ne sommes pas encore au pic de la pandémie.

Nous jugeons incompréhensible la position du Ministre de l’Economie qui a félicité les entreprises de l’électronique car elles avaient maintenu leur production. Il faut savoir ce que l’on veut.

Malgré une levée des restrictions sur le gel et les masques par le gouvernement le 22 mars, le pays est toujours en pénurie de gel, masques, tests, lits de réanimation, respirateurs.

Dans ces conditions lamentables, imputables aux politiques libérales et à l’incurie du gouvernement, la seule solution qui reste pour limiter l’épidémie est de réduire les contacts, et donc l’activité, et de donner le matériel dont nous disposons aux soignants. 
 
Dans ces conditions la CGT renouvelle sa demande de mise en veille des usines (à l’exception des produits utiles au médical​)  non seulement pour mettre tous les salariés en protection mais surtout pour apporter une contribution active à la limitation de la diffusion de l’épidémie. 

Quand nous parlons de tous les salarié.e.s nous pensons notamment au personnel de la partie industrielle, dont les personnes en statut précaire, les sous-traitants etc. qui sont nombreux à travailler aujourd’hui.  Cette mise en veille permettrait aussi d’adapter les installations et les organisations pour assurer la sécurité de tous les salariés lors du redémarrage des installations.

On peut espérer que la pénurie actuelle dont souffrent les soignants sera bientôt partiellement résorbée. On peut espérer aussi un progrès du côté des traitements de la maladie. Toutes choses qui permettront de travailler dans des conditions plus sûres pour les salariés et surtout pour la société toute entière

CGT STMicroelectronics France, le 31 mars 2020​

Imprimer cet article Télécharger cet article